Battu aux élections présidentielles de mars dernier, le président du Nigeria Goodluck Jonathan, un chrétien évangélique, n’est plus depuis trois jours le président du Nigeria. Il a cédé sa place depuis le 29 mai à Muhammadu Buhari, un musulman sunnite, vainqueur des dernières élections présidentielles avec plus de 53% des voix. Mais avant de partir, l’une des dernières décisions de l’ancien président a été celle de faire voter par le parlement l’acte d’abolition de la mutilation génitale féminine, pratique courante dans le pays. Les associations militant pour que cesse cette pratique se sont félicitées de cette courageuse décision et espèrent que la loi aura un effet concret sur la population et poussera d’autres pays africains où les mutilations génitales féminines sont toujours légales et ouvertement pratiquées à en faire de même. La secrétaire d’État au Développement International britannique Justine Greening a félicité le gouvernement nigérian pour cette décision qui dénote un désir de progrès du droit des femmes à disposer de leur corps. La loi prévoit pour les contrevenants la possibilité d’une peine de 4 ans de prison ferme et de 1000 dollars d’amende.
Environ 20 millions de femmes seraient victimes de ces pratiques brutales dans le pays, le plus peuplé du continent. Cette pratique n’apporte aucun bienfait sur la santé de la personne qui en est la victime, contrairement à ce qu’en disent les défenseurs. L’Organisation Mondiale pour la Santé a reconnu les mutilations génitales féminines comme une violation des droits des femmes, un symptôme de l’inégalité et de la discrimination entre les sexes. Par ailleurs, étant souvent pratiqué sur des adolescentes, les mutilations génitales féminines relèvent aussi de la violation des droits de l’enfant, d’un acte de torture et de violence pouvant mener à la mort de la personne qui en victime. Le fait que cela soit le président en fin d’exercice qui signe cette loi est une tactique payante car Jonathan Goodluck n’aura pas à faire face au mécontentement probable des électeurs devant cette mesure, dans un pays où ces pratiques sont considérées comme faisant partie de la tradition et de la norme culturelle. De plus, il rend service à son successeur qui n’aura pas à s’expliquer sur cette loi et à en porter la responsabilité, la loi ayant été votée. Il pourra se justifier en disant qu’il a pour rôle de la faire appliquer. Il faut espérer désormais que les pouvoirs publics seront à même de la faire respecter.