Des dissidentes iraniennes témoignent des horreurs du régime au parlement du Canada

Le parlement canadien a accueilli les témoignages ce mardi de diverses avocates des droits de l’Homme iraniennes, de dissidentes, de victimes ou encore d’artistes en exil sur la brutalité du régime iranien. Nazanin Afshin-Jam, avocate et fondatrice de l’association Stop Child Execution, a affirmé que l’Iran menait « une guerre contre les femmes et les filles » : « Les filles sont battues, hurlent dans des vans de police et sont violées pour ne porter le hijab. Il y a une recrudescence des exécutions de manifestants pacifiques. » Elle a aussi dénoncé le fait que des réfugiées iraniennes en Turquie, notamment Shilan Mirzaee, sont sur le coup d’un rapatriement forcé, malgré les risques encourus sur le territoire iranien. Nazanin Afshin-Jam a exhorté le Canada à exercer sa compétence universelle, permettant à un Etat d’enquêter et poursuivre des crimes commis dans un autre pays par des personnes d’autres nationalité sur des victimes étrangères. Cela permettrait selon elle de permettre de juger pour crimes contre l’humanité les dirigeants iraniens et renverser « un apartheid fondé sur le genre ».

L'activiste iranienne Nazanin Afshin-Jam
L’activiste iranienne Nazanin Afshin-Jam

Pour l’actrice et activiste Nazanin Boniadi « les manifestations Femme-Vie-Liberté sont un rappel sur l’incapacité de la République Islamique à se réformer. Il maintient son pouvoir en utilisant une stratégie de survie fondée sur trois piliers que sont la répression, le détournement et la division. La répression est au cœur de leur stratégie. » Elle a aussi rappelé que l’Iran possède le record d’exécutions capitales dans le monde par nombre d’habitants et qu’elle est classée 177ème sur 180ème concernant la liberté de la presse. « La répression interne inclut la censure, le viol, la torture et la détention arbitraire. Les minorités ethniques, religieuses et sexuelles font face à une persécution et discrimination systémiques. », a-t-elle ajouté. Elle affirme aussi que le gouvernement a alloué un peu moins de 3 milliards de dollars au renforcement du port du hijab.

Le témoignage de Nazanin Boniadi

Autre témoignage fort, celui d’Atena Daemi, militante pour les droits de l’Homme, qui a passé six années en prison du fait de son activisme. Elle affirme y avoir été torturée physiquement et mentalement. C’est lors d’un transfert à l’hôpital qu’elle a réussi à s’enfuir et à rejoindre, après un long périple, le Canada. Toutefois, elle a mis en cause le Canada, disant que les « agents du régime voient le Canada comme leur sanctuaire ». Une enquête du réseau de média Global News a montré qu’il y avait au Canada 700 personnes affiliées au régime, dont neuf doivent être renvoyées en Iran. « Mais plutôt que les renvoyer, il faudrait les juger. Créer un précédent pour rendre des comptes », dit-elle, affirmant que ces personnes menaçaient les dissidents et obtenaient des informations sur ceux-ci, ce qui mettaient en danger les membres de la famille restés en Iran qui se voyaient menacées. Elle a demandé au Canada de classer, comme les États-Unis, le corps des Gardiens de la révolution islamique comme entité terroriste.

La dissidente Atena Daemi

Mention a aussi été fait du sort des artistes en Iran, mis en lumière par la récente condamnation à mort du rappeur Toomaj Salehi pour ses textes très critiques du régime. Arash Sohrabi, artiste en exil, a fait état d’une « purge culturelle » à l’oeuvre depuis la révolution de 1979. Depuis les manifestations de 2022 suite à la mort de Mahsa Amini, plus de 100 artistes iraniens auraient été détenus, empêchés de travailler ou de voyager, pour avoir soutenu le mouvement. Nazanin Boniadi a conclu par des paroles du rappeur Toomaj Salehi : « si vous et moi devenons nous, nous sommes sans limites ».

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