En Inde, les musulmans progressivement exclus de la vie politique

Les élections législatives se déroulant actuellement en Inde mettent en lumière la politique nationaliste et pro-hindouiste du premier ministre sortant et candidat à sa réélection Narendra Modi qui s’appuie sur l’opposition à la minorité musulmane. Ses récents propos, en meeting électoral, visent à polariser la société sur les questions religieuses et reflètent une politique où les musulmans sont perçus comme un danger pour la population hindoue, majoritaire. Ces tensions entre communautés religieuses ne sont pas nouvelles dans ce pays où vivent 200 millions de musulmans mais se sont accentués sous l’ère Modi, leader du Bharatiya Jana Party (BJP), le parti nationaliste hindou.

Narendra Modi, premier ministre et leader du BJP
Narendra Modi, premier ministre et leader du BJP

En effet, depuis la décennie de la prise de pouvoir de Modi, la représentation politique des musulmans a fortement baissée : en 2014, 30 députés musulmans sur 543 siégeaient à l’assemblée, dont un appartenant au BJP. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 25, aucun au BJP. Et sur les 430 candidats du BJP au parlement, seul 1 est musulman. En 1980, les musulmans représentaient 11% de la population et constituaient 9% des sièges au parlement. Aujourd’hui 14% de la population, ils possèdent cependant moins de 5% des sièges. Si les musulmans ont toujours été plus ou moins marginalisés dans la société, ils sont désormais activement exclus. Cette exclusion du champ de la représentation civile et politique rend plus difficile pour cette communauté l’accès à certaines ressources et infrastructures, faute d’appuis.

Outre cette progressive mise à l’écart, certaines lois votées par le gouvernement Modi touchent particulièrement les musulmans : certains Etats gouvernés par le BJP a restreint les mariages interconfessionnels, pour éviter que des femmes hindoues épousent des musulmans et se convertissent et le gouvernement prévoit une nouvelle réglementation des mariages, divorces et héritages qui s’opposent aux pratiques musulmanes. Au-delà de ces lois, la violence envers les musulmans a elle aussi augmenté, avec des lynchages par des hindous suite à des accusations de violence sur des vaches sacrées et des émeutes. Modi utilise politiquement cette tension pour désigner un ennemi intérieur qui lui permette de se maintenir au pouvoir. La communauté musulmane, relativement divisée car très hétérogène, ne réussit pas à proposer une offre politique qui les protégeraient, et les autres partis rechignent à proposer des candidats musulmans aux parlements des Etats, qui font les lois locales, pour ne pas s’aliéner le vote de la majorité hindoue. Une situation qui n’annonce pas un avenir facile pour les musulmans indiens, au-delà des résultats, début juin, des élections législatives qui devraient reconduire Narendra Modi.

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